Ils nous ont bluffés !
Cela a commencé avec Samyr...
Imaginez Gaston Lagaffe, en plus grand, "en déplié", frisé comme là bas ... Cet Ovni grimpe sur scène, adresse gauchement quelques paroles de bienvenue , saisit un yukulélé minuscule (tant celui qui le porte est immense).
A l'aise (vraiment, faussement ?), il se replie sur une chaise et calant "entre ses doigts" le bébé guitare nous déclare tout de go qu'il a oublié sa mandole algérienne et qu'on avait qu'à faire avec, qu'il s'en passerait bien, lui.
Un dernier regard vers le public et l'instrument si ténu ,si minuscule chante entre ses mains une délicate mélodie qui lentement se rythme et s'amplifie en nous laissant vite oublier l'absence de la virtuelle mandole ...
Il ajoute quelques mots, quelques phrases à sa musique et les premières chansons se dessinent, apparaissent comme des mirages... Le silence de l'assistance se fait lourd comme au seuil du désert et le chanteur continue sa prestation, imperturbable...
Il nous confie son inspiration d'avant hier, parlant des après-midi de septembre comme s'il nous racontait un pays lointain...
"Salama", son non hommage à Dalida nous convainc de son orientalité... et déjà, sa prestation se termine sans falbala, simplement, dans une musique digne des mille et une nuits... L' écoutant, je me suis pris à rêver de l'oncle Sam, retournant parmi les siens le banjo sur le dos, perché sur un dromadaire, grattant un yukulélé nostalgique en chantant "I am a poor lonesome Berbere far away from Home"...
Merci à toi, Samyr, mélodiste encore anonyme et inspiré.
Cela a continué avec Chapeaux Bas...
Que Samyr a gentiment convié à monter sur scène à la fin de sa prestation.
J'étais venu avec une dizaine de danseurs folk... Lorsque l'on a replié les bancs, ils ont pris place au centre de la salle et suivi les instructions patientes et appliquées qu'un membre du duo répétait, pendant que son comparse, installait en sourdine rythme et mélodie...
Et puis ce fut le délire. Dès cet instant, lorsque ces frères en musique entamèrent leur combat avec les notes, tous dansèrent en cadence, épousant la moindre croche d'un soupir... soutenant le rythme d'un silence soudain où tout s'arrête... pour mieux relancer la sarabande.
Je ne suis pas danseur mais plusieurs d'entre eux m'ont dit leur plaisir de se croiser - parfois les yeux dans les yeux - de participer à ces rythmes ancestraux aux noms étranges Polska, cercle circassien... N'y tenant plus, j'ai rejoint à deux ou trois reprises leurs danses entraînantes...
Les amis m'on dit tous leur plaisir d'avoir été conduits, accompagnés par ces accordéonistes et chanteurs passionnés, qui eux aussi descendirent dans l'arène pour mieux encore rythmer nos pas, et nous convaincre que oui certainement, nous irions demain au petit bois avec nos mies... voir si le loup n'y est pas !
Chapeau bas, messieurs !
Fernand LACROIX
qui montrent à souhait la formidable ambiance qui régnait ce soir-là...